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Deuxième table ronde

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Travail des élèves, exercices et évaluation

 

Marie Perret, vice-présidente de l’APPEP

L’enseignement de la philosophie n’est pas sans objet. Il a ses exigences propres. Nous préparons les élèves à deux exercices qui leur seront proposés au baccalauréat, la dissertation et l’explication de texte. Mais le travail que nous demandons aux élèves ne se limite pas à cela. Nous leur proposons aussi des exercices grâce auxquels ils peuvent s’approprier « les normes générales du travail intellectuel », à savoir : exprimer leurs idées sous la forme la plus simple et la plus nuancée possible, introduire des termes dont ils sont en mesure de justifier l’emploi, préciser le sens des mots, articuler leur pensée de manière rigoureuse, analyser le bien-fondé d’une thèse ou la consistance d’un argument, l’illustrer au moyen d’un exemple, etc.

Nous partons, dans notre enseignement, d’un postulat qui est aussi un pari : que n’importe quel élève peut entrer dans la démarche rationnelle qui est propre à la philosophie. Que nous pouvons éduquer tous nos élèves à la raison, que les élèves pourront, grâce à notre enseignement, développer un esprit de rationalité, élaborer dans un langage précis leur pensée et leur expérience, instaurer un rapport critique vis-à-vis des élaborations acquises sous forme d’opinions, de préjugés, de croyances, de superstitions et de traditions. Ce pari n’est-il pas fou ? Comment inciter les élèves à entrer dans la démarche philosophique ? Quels exercices peut-on leur proposer pour les y aider ? Quelles difficultés, quels obstacles rencontrent-ils ? Quelles résistances opposent-ils parfois ? Je vous propose, dans le cadre de cette deuxième table ronde qui portera sur le travail des élèves, les exercices et l’évaluation, d’examiner plus attentivement ces questions.

La philosophie s’adresse à tous. Elle ne peut admettre une forme de pensée qui limiterait aux seuls spécialistes et aux seuls initiés l’accès à la compréhension. Nous savons que les élèves des séries technologiques ont besoin, peut-être davantage que les autres, de notre enseignement. Il importe qu’ils découvrent que la rationalité n’est pas cantonnée à la seule rationalité technique, qui s’intéresse aux moyens et non aux fins. Mais c’est aussi dans les séries technologiques que les élèves semblent avoir le plus de difficultés à entrer dans la démarche philosophique. Valérie Bonnet, qui enseigne au lycée Grand-Air à Arcachon, a l’expérience de ces classes. Elle nous entretiendra des difficultés qui sont celles de ces élèves – même si elles ne sont pas propres aux séries technologiques – et de l’opportunité d’introduire dans ces séries de nouvelles évaluations.

Le programme dispose que les élèves auront à étudier, durant l’année de terminale, une ou deux œuvres suivies. Quels usages peut-on faire de ces œuvres ? Sur quels critères les choisir ? Faut-il favoriser les œuvres dont l’ampleur permet d’aborder le plus grand nombre de notions au programme ? Celle dont l’organicité permettra aux élèves de comprendre comment un philosophe constitue un problème et le mène à sa résolution ? Faut-il privilégier des œuvres plus courtes pour ne pas lasser les élèves et pour les expliquer de manière détaillée ? Comment évaluer, à l’oral, les candidats que l’on interroge sur l’œuvre suivie ? Jean-Louis Lahner, qui enseigne au lycée du Parc de Lyon se proposera ensuite d’examiner ces questions.

Le travail des élèves donne lieu à évaluation et à notation, pendant l’année et au moment du baccalauréat. Comment évaluer les copies des élèves et des candidats ? Cette question, on le sait, est une question brûlante, car l’évaluation, en philosophie, nourrit, chez les élèves et plus largement dans l’opinion, bien des préjugés et des fantasmes. Parce qu’ils pensent que la notation, en philosophie, est arbitraire, partiale ou subjective, les élèves, en début d’année scolaire, ont parfois du mal à comprendre sur quels critères leurs copies seront jugées et se demande si le travail accompli pendant l’année sera récompensé à sa juste valeur. Pierre Windecker introduira cette question de l’évaluation en examinant les critères et les principes qui président à celle-ci.

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