Catégories CommuniquésCatégories Concours

Réforme de la formation initiale et du recrutement des professeurs : un sérieux risque pour les licences de philosophie et une menace pour le Capes

Publié le

Le président de la République vient de confirmer l’entrée en vigueur, dès l’année prochaine, de la réforme de la formation initiale et du recrutement des professeurs des écoles. Même si tous les arbitrages ne sont pas encore rendus, deux choses sont d’ores et déjà certaines : le concours aura lieu au terme de la troisième année de licence ; les universités seront chargées d’ouvrir des licences de préparation au professorat des écoles (LPPE) directement accessibles aux titulaires du baccalauréat.

L’Appep n’a pas vocation à prendre position sur une réforme qui, pour l’heure, ne concerne que le premier degré. Elle ne saurait davantage, à ce stade, se prononcer sur ses conditions d’application confuses et incertaines, notamment financières. Elle s’inquiète toutefois du risque auquel la réforme envisagée expose certaines licences. Pour financer ces LPPE, les universités n’auront en effet d’autre choix que de fermer les formations « qui ont moins de débouchés »1. Des licences sont ainsi directement menacées, particulièrement dans les départements universitaires où elles sont déjà précaires. Ce pourrait être le cas des licences de philosophie. La réforme envisagée prévoit, par ailleurs, de dispenser des épreuves d’admissibilité les étudiants ayant réussi, en fin de L1 et de L2, des « tests standardisés » conçus par les futures écoles normales. L’Appep s’inquiète de ce contournement des épreuves écrites qui entame le principe de recrutement par concours et affaiblit son niveau d’exigence.

L’Appep apprend également que le président de la République n’exclut pas d’étendre cette réforme aux professeurs de collège et de lycée. Si tel était le cas, le concours du Capes ferait l’objet d’une énième réforme qui le fragiliserait encore, dans un contexte marqué par une crise du recrutement et, plus largement, de l’École publique.

L’extension de la réforme envisagée pour le concours des professeurs des écoles induira mécaniquement une baisse du niveau académique des candidats qui se présenteront au Capes, puisque la détention d’un master 1 ne serait plus requise. Elle les privera de l’année de préparation au concours dont ils ont pourtant besoin pour approfondir les connaissances et les méthodes propres à leur discipline. Elle creusera, enfin, le fossé entre le Capes et l’agrégation, faisant ainsi peser une menace supplémentaire sur l’avenir de celle-ci.

L’Appep s’opposera vigoureusement à toute mesure qui aurait pour effet de réduire la place de la philosophie à l’Université et d’affaiblir un peu plus les concours de recrutement des professeurs du second degré. Sa détermination est d’autant plus forte que cette réforme est imposée dans un contexte délétère marqué par le recours massif aux contractuels et la dégradation considérable des conditions de travail des professeurs, tout particulièrement en philosophie.

À l’évidence, les préoccupations financières des étudiants préparant les concours doivent être prises en considération. Sur ce point, l’APPEP a déjà formulé, avec la Conférence des associations de professeurs spécialistes, des propositions concrètes2. Mais en menaçant de dévaloriser le statut des professeurs par un raccourcissement de la préparation au métier, la réforme envisagée suit une logique contraire à un réel souci de l’existence matérielle des futurs enseignants.


  1. Propos d’Emmanuel Macron cité dans un article du Monde du 5 avril.
  2. https://www.appep.net/recrutements-quelle-mouche-a-pique-le-csp/