Catégories CommuniquésCatégories EMC

Nouveaux programmes d’enseignement moral et civique : des avancées et de sérieuses incertitudes

Publié le

L’Appep a pris connaissance du projet remis par le groupe chargé de la rénovation des programmes d’enseignement moral et civique.

Sa demande d’une clarification des programmes a manifestement été entendue. Leur présentation est désormais plus lisible. Un tableau expose les notions que les élèves devront acquérir. Celui-ci remplace avantageusement l’actuelle présentation par « axes », « questionnements », « notions à acquérir » et « objets d’enseignement », dont l’Appep avait dénoncé la confusion.

L’Appep prend bonne note de l’intitulé général du programme de l’année de terminale : « La vie démocratique : débat, délibération et prise de décision » et de l’invitation faite aux élèves à s’interroger sur la façon dont « les citoyens s’informent et échangent, pour élaborer une véritable éthique de la discussion ». Comme l’Appep le soulignait dans la contribution qu’elle avait adressée en novembre dernier au CSP, la philosophie est particulièrement habilitée à apprendre aux élèves à distinguer la nature, les finalités et les modalités des différentes discussions : entre scientifiques, dans la société, en salle de classe ou entre amis. À l’heure des « faits alternatifs » et des « fake news », la philosophie leur permet simultanément de réfléchir rigoureusement et concrètement à la façon dont ces différentes discussions peuvent tenir compte les unes des autres. L’Appep relève également que la notion de « légitimité », proposée à l’étude des élèves de terminale, renvoie explicitement au programme de philosophie du tronc commun. Ainsi le CSP montre-t-il que les professeurs de philosophie ont pleinement vocation à prendre en charge l’EMC, en particulier dans les classes de terminale.

En ce sens, la quatrième colonne du programme d’EMC, intitulée « Dispositifs et éléments extérieurs à prendre en compte », pourrait utilement renvoyer à d’autres éléments du programme de philosophie de tronc commun. La notion de « Constitution » pourrait ainsi être mise en relation avec celle de « justice » inscrite dans le programme de philosophie de la voie générale et technologique ; la notion de « citoyenneté active » pourrait renvoyer à celles de « liberté » et d’« État », ainsi qu’aux distinctions conceptuelles « obligation/contrainte » et « public/privé » figurant dans la partie « repères » du programme de philosophie ; la notion d’« opinion publique » pourrait être mise en lien avec celles de « raison », de « science » et de « vérité » ;  la notion de « partis politiques et société civile organisée » pourrait opportunément renvoyer à ces mêmes notions du programme de philosophie ainsi qu’aux repères « persuader/convaincre », « croire/savoir », « objectif/subjectif/intersubjectif » ou encore « vrai/probable/certain ».

L’Appep attend désormais des recteurs qu’ils incitent officiellement les proviseurs à confier prioritairement l’EMC en terminale aux professeurs de philosophie volontaires, dans les classes dont ils ont la charge. L’EMC doit cesser d’être la chasse gardée d’une discipline et tous les élèves doivent pouvoir bénéficier de l’approche critique, synthétique et conceptuelle qu’offre la philosophie.

Demeurent deux questions urgentes à propos desquelles l’Appep a régulièrement alerté le ministère : l’horaire et les modalités d’évaluation. L’horaire dévolu à l’EMC (une heure toutes les deux semaines en classe entière, généralement avec 35 élèves) reste dérisoire au regard des ambitions affichées dans le préambule des programmes et, récemment, par le président de la République. L’évaluation notée n’a aucun sens compte tenu de cet horaire contraint et de ces effectifs inadaptés.

En conséquence, l’Appep réitère sa demande d’une revalorisation de l’horaire. Celui-ci doit être porté à une heure hebdomadaire, comme il est prévu de le faire pour le cycle 4 du collège. Pour renforcer l’efficacité et la pertinence de cet enseignement, il est en outre impératif que les cours d’EMC aient lieu en demi-groupes. L’Appep demande, enfin, que cet enseignement ne soit pas évalué par une note trimestrielle, mais par une appréciation générale portée sur les bulletins.