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Audience de la Régionale francilienne de l’APPEP auprès du SIEC

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À sa demande, la Régionale francilienne de l’APPEP a été reçue par le SIEC le mardi 18 mai 2021, de 17h30 à 18h30. Participaient à cette réunion: 
Pour le SIEC : Frédéric Muller, directeur; Nathalie Hubert, secrétaire de direction; L. Toubiana, secrétaire générale; Béatrice Depuntis, chef de division de l’enseignement général et technologique; Aline Levera, son adjointe; Philippe Joffre, responsable informatique de l’application nationale Santorin.
Pour la Régionale francilienne de l’APPEP : Véronique Verdier, présidente; Emmanuelle Carlin, membre du bureau.


Nous exposons à nos interlocuteurs les raisons pour lesquelles nous leur avons demandé audience.
1. Il y a quelques semaines, l’Appep a été informée par la Dgesco que la correction des copies sera, à partir de la session 2021, entièrement dématérialisée. Cette décision soudaine, imposée sans aucune concertation, suscite auprès des professeurs de philosophie une inquiétude légitime dont l’Appep a détaillé les motifs dans un récent communiqué que nous transmettons à nos interlocuteurs.
2. La correction de l’épreuve de philosophie représente chaque année une lourde charge pour les professeurs. À celle-ci s’ajoutera, à partir de 2021, la participation aux jurys du grand oral. Nous demandons au SIEC que les professeurs siégeant dans ces jurys soient dispensés de la correction des copies.
3. Nous souhaitons des informations précises sur le calendrier de la prochaine session du baccalauréat.


La charge de correction


Frédéric Muller rappelle qu’en principe, tous les professeurs de philosophie ont vocation à corriger l’épreuve. Ce « vivier » suffit à peine à couvrir les besoins1. Il faut, de plus, anticiper une probable «évaporation du vivier des correcteurs» du fait de l’indisponibilité de certains professeurs ou des congés maladie, qui seront probablement plus nombreux cette année à cause de la pandémie. 

Les charges de correction sont arrêtées avec les IA-IPR: pour la voie générale, chaque professeur aura en moyenne 125 copies à corriger; pour la voie technologique, les lots seront de 160 copies au maximum. Ni cette moyenne, ni ce plafond ne sont toutefois garantis. Il est probable que cette année la charge de correction initialement prévue soit dépassée, comme cela a été le cas en 2019.

En principe, seuls les professeurs de philosophie en charge de la spécialité HLP seront convoqués au grand oral. L’inspection transmet au SIEC la liste des professeurs concernés. 

M. Muller nous explique que les professeurs de philosophie convoqués pour le grand oral ne pourront être dispensés de la correction des copies. Ils seront seulement délestés de 30 copies. Le SIEC part du principe qu’un professeur corrige en moyenne 15 copies par jour ouvré et que les oraux se tiendront sur deux jours. Mais ce dernier point n’est pas garanti. La durée de la session dépendra en effet des questions que les candidats auront choisies.

Temps de correction et calendrier


L’épreuve de philosophie a lieu le jeudi 17 juin. Les correcteurs devront avoir saisi leurs notes avant le mercredi 30 juin à midi – et non à 18h comme initialement prévu. Les professeurs n’auront donc que huit jours et demi (ouvrés) de correction.

Cette modification apportée au calendrier résulte de la décision prise par le ministère de rendre optionnelle la note de l’épreuve. Il a fallu programmer une nouvelle commission qui se réunira le 30 juin après-midi pour déterminer la note qui, entre celle de l’épreuve et celle du contrôle continu, sera retenue. Y participeront des «professeurs coordonnateurs» qui auront pour mission d’«examiner les cas particuliers».

La réunion d’harmonisation du 30 juin sera préparée par une autre réunion interdisciplinaire dite de «sous-jury» qui se tiendra la veille pour harmoniser les notes du contrôle continu : y participeront des professeurs de philosophie, auxquels on retirera donc une journée de correction.

À cette réunion du 29 juin viendra s’ajouter la réunion qui se tiendra le 1er juillet pour harmoniser, à partir de la lecture des livrets scolaires, le contrôle continu de toutes les disciplines en vue des délibérations du 5 juillet. Ce sont les mêmes professeurs qui seront convoqués le 29 juin et le 1er juillet.

Le lundi 5 juillet, seuls seront convoqués les représentants des sous-jurys, pour constituer un jury départemental pour la délibération finale. N’y participeront que 5 % des correcteurs de l’épreuve de philosophie. De fait, ce «jury» ne délibérera pas, mais se contentera d’entériner le travail des sous-jurys. Les notes de l’épreuve de philosophie étant enregistrées sur le logiciel Santorin, le jury pourra, le cas échéant, attribuer jusqu’à trois points supplémentaires à une copie, en se passant de l’avis du correcteur, qui, de toute façon, ne sera pas là pour le donner. Le jury n’aura même pas accès aux copies, puisque le logiciel Santorin ne le permet pas.

Nous faisons part de notre stupéfaction. Les correcteurs de l’épreuve de philosophie qui participaient jusqu’à présent aux jurys de délibération, se trouveront, cette année, totalement dépossédés de leurs notes. Par ailleurs, l’organisation de cette session s’apparente à celle d’une usine à gaz. Le SIEC multiplie des réunions qui seront sans enjeu et mobiliseront inutilement des professeurs déjà éprouvés par une année difficile. Ainsi, nous ne comprenons pas la raison d’être de la réunion du 30 juin puisque, comme le confirment nos interlocuteurs, le «choix» entre la note de l’examen et celle du contrôle continu sera déterminé par un algorithme.

Nous demandons si les traditionnelles réunions d’entente et d’harmonisation, qui garantissent l’équité de la correction, se tiendront cette année. Nos interlocuteurs répondent que ce sont les inspecteurs qui en décident. Elles se tiendront probablement en visioconférence.

La charge de correction étant particulièrement lourde et le temps de correction considérablement réduit, nous souhaitons savoir quand nous aurons accès aux copies.

Nos interlocuteurs nous répondent que cela n’est pas de leur ressort. Tout dépendra des centres d’examen, lesquels sont chargés de numériser les copies. Les professeurs de philosophie peuvent espérer y avoir accès le 17 juin, en début d’après-midi. Mais comme l’épreuve écrite de français a lieu le même jour que celle de philosophie, les copies pourraient n’être disponibles sur le logiciel Santorin que le 18 juin. Il se pourrait aussi que les copies leur arrivent «au fil de l’eau».

Nous rebondissons sur ce «au fil de l’eau» qui est d’abord présenté sous son versant avantageux. Les copies, nous assure-t-on, seront réparties équitablement entre les correcteurs qui pourront commencer à corriger sans attendre. Nous faisons remarquer qu’ils ne pourront plus organiser leur calendrier de correction. Ils ne pourront pas non plus classer les copies en fonction des sujets, ni les comparer au fur et à mesure qu’ils progresseront dans la correction. Ce «fil de l’eau» pourrait, enfin, faire ruisseler de nouvelles copies jusqu’au dernier jour de correction.

Nos interlocuteurs semblent découvrir ce que signifie corriger des copies de philosophie. 

 

Correction de copies manuscrites numérisées


Nous demandons que la correction des copies numérisées soit optionnelle. Tous les professeurs, en effet, ne possèdent pas un équipement informatique adéquat ou une connexion internet fiable. Certains souffrent de problèmes médicaux (fatigues oculaires, par exemple) qui rendent la correction sur ordinateur non seulement pénible mais préjudiciable à leur santé.

On nous oppose une fin de non-recevoir: la correction des copies numérisées sera obligatoire, le ministère l’ayant décidé ainsi. Nous apprenons que les correcteurs n’auront pas la possibilité de télécharger leur lot sur leur ordinateur. Ils devront donc corriger les copies en ligne en espérant que leur connexion sera suffisamment stable pour qu’ils n’aient pas le désagrément de perdre leurs annotations. Nous apprenons en outre que, pour des raisons techniques, il n’y aura aucun moyen d’accéder aux copies papier. Sur les copies Santorin, le bandeau d’anonymat ne peut pas être massicoté sans couper le texte du candidat. Face à la légèreté de cette justification, nous notons qu’il serait aisé d’imprimer un modèle de copie présentant un bandeau massicotable sur ses quatre pages. Nous demandons à nos interlocuteurs d’envisager cette possibilité pour la prochaine session.

La numérisation des copies présente deux avantages aux yeux du SIEC: le secrétariat d’examen peut vérifier la liste d’émargement en même temps qu’il scannera les copies; celles-ci seront basculées dans l’espace personnel des candidats qui pourront ainsi les consulter après correction. Nous observons que ces bénéfices sont bien minces au regard des inconvénients.

Nous demandons si les professeurs corrigeront sous surveillance. Recevront-ils des rappels si la correction n’avance pas assez vite aux yeux du SIEC ? Le logiciel peut-il enregistrer des «métadonnées» ? Pourra-t-il, sur cette base, élaborer des statistiques ? Nos interlocuteurs nous assurent que le RGPD est respecté sur l’ensemble du territoire national pour toutes les applications. Philippe Joffre précise qu’il n’y a pas de récupération des données, si ce n’est un nom et un prénom ; il n’y a pas non plus de «sortie statistique».

Tout en affirmant que les correcteurs ne seront pas surveillés, le SIEC reconnaît qu’il pourra savoir quels lots ont été ouverts et corrigés. Il ne se privera pas d’envoyer des rappels aux professeurs qui ne corrigent pas assez vite à son goût et, le cas échéant, à faire appel à l’inspection.

Pour nous rassurer, on nous assure qu’un « retour d’expérience » est prévu.

Nous remercions nos interlocuteurs pour la cordialité qui a présidé à nos échanges lesquels, malheureusement, ne nous ont nullement rassurées.

  1. 110 000 candidats franciliens passeront cette année l’épreuve de philosophie. Il y a environ 1000 professeurs de philosophie dans les trois académies.