Catégories Texte soutenu par l'Appep

Déclaration collégiale de la Coordination nationale des départements et UFR de philosophie au sujet du baccalauréat et de la philosophie en terminales

Publié le

La coordination nationale des départements et UFR de philosophie s’est réunie le 4 juillet 2023. Elle constate que la nouvelle organisation du baccalauréat a des effets délétères sur la formation des futurs étudiants, tout particulièrement en philosophie. Dès lors que les lycéens ont désormais connaissance de leurs notes de spécialités très tôt dans l’année (avril), que les coefficients de la philosophie sont restés ou devenus extrêmement modestes et que cette note ne joue pas en pratique dans l’algorithme de Parcoursup, le maintien d’une épreuve tardive (14 juin) de type examen en temps limité n’a pas suffi à faire illusion : de trop nombreux lycéens sont venus composer en dilettantes et ont donc mis au tout dernier plan leur apprentissage de la philosophie durant ces quatre derniers mois de l’année scolaire. La coordination rappelle que cette discipline, nouvelle et exigeante pour la plupart des élèves de terminale, requiert un temps de maturation et d’appropriation suffisant — en tout état de cause supérieur à cinq mois — comme aussi une régularité dans le travail et les exercices. Elle s’étonne que le coefficient du grand oral (épreuve d’une vingtaine de minutes) soit de 1,25 fois à près de 4 fois supérieur (selon les baccalauréats) à celui de cette discipline jugée par ailleurs — au moins dans les textes — comme fondamentale et donnant lieu à une épreuve sur table de 4h. La coordination se dit d’autant plus inquiète de cette incohérence grave et de cette dérive du baccalauréat qu’elle tient à témoigner du fait que l’attrait de la philosophie ne faiblit pas chez les étudiants du supérieur, qu’ils soient en formation initiale, en reprise d’études ou en formation continue. Le besoin de philosophie se confirme chaque jour à une époque où des questions fondamentales de société, pour certaines véritablement existentielles (changements globaux, essor du numérique, intelligence artificielle, conflits de valeurs, problèmes éthiques), requièrent et requerront toujours plus les compétences propres de formulation, de mise en perspective, d’analyse et d’articulation des problèmes. C’est pourquoi elle s’associe pleinement aux multiples protestations qui se sont élevées au sujet du format actuel du baccalauréat. Selon elle, il convient de remettre à plat ne serait-ce que le calendrier des épreuves. La plate-forme Parcoursup ne peut pas à elle seule concentrer tous les pouvoirs ni toutes les justifications : elle ne peut pas, non seulement relativiser l’importance des résultats finaux du baccalauréat mais aussi, comme ce fut le cas exemplairement cette année, contribuer à l’effondrement du niveau des compétences réellement acquises et des contenus réellement maîtrisés par nos futurs étudiants.

Contacts : 

Directeur du département de philosophie de l’Université de Rouen

Directeur de l’UFR de philosophie de l’Université Paris 1