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Réunion du bureau national, 3 octobre 2020

Publié le

Compte rendu rédigé par Alexandre Lepezel

 

Présents : Valérie Bonnet, Didier Brégeon, Karine Cardinal, Jean-Pierre Carlet, Benoît Da Silva, Nicolas Franck, Pierre Hayat, France Israël, Jean-Louis Lanher, Alexandre Lepezel, Betrand Nouailles, Marie Perret, Audrey Pomarès, Vincent Renault, Gérard Schmitt, Jocelyne Sfez

Excusés : Henri Dilberman, Julien Fonollosa, Agathe Richard

La réunion débute à 14h. Elle se tient à distance, par internet.

1- La rentrée

Nicolas Franck fait le point sur la rentrée qui s’est déroulée sous la double pression de la réforme du lycée et de l’épidémie de Covid-19. De manière immédiate, cela doit nous conduire à deux choses au moins : d’abord, demander un aménagement des programmes et un report du Grand oral ; d’autre part, demander la révision du calendrier, qui paraît intenable.

France Israël souligne que, pour beaucoup de collègues, les conditions de travail se sont dégradées depuis cette rentrée du fait de l’augmentation du nombre d’élèves dont ils avaient la charge et de l’éclatement des emplois du temps. Selon Pierre Hayat, si le ministère a choisi les dates des 15 et 16 mars pour le passage des épreuves finales des spécialités de Terminale, c’est pour que les notes soient intégrées dans Parcoursup, début avril. Cela va mettre les professeurs qui corrigeront dans la situation d’avoir à boucler leur travail en trois semaines tout en assurant le reste de leur service : cours, évaluation dans les autres classes, conseils de classe… Alexandre Lepezel affirme que les collègues qui assurent les enseignements de spécialité ont pris particulièrement mal cette nouvelle des dates des épreuves aussi tôt dans l’année. Il avance également que le Grand oral paraît toujours aussi peu clair aux collègues, tant dans ses modalités de préparation que dans son évaluation. Il souligne, enfin, que cette épreuve a un coefficient supérieur à celui de l’épreuve de philosophie, ce qui est pour le moins humiliant quand on compare la nature des deux épreuves et l’investissement des professeurs et des élèves dans chacune. Valérie Bonnet fait remarquer que nous n’avons aucune idée précise de la manière de noter en HLP : nous n’avons pas le recul du jugement collégial, comme pour l’épreuve de philosophie du baccalauréat, et la durée de cette épreuve, en Première et en Terminale, est pour nous inédite.

Marie Perret se demande à quoi ressembleront les commissions d’harmonisation pour les épreuves « finales » des Premières et des Terminales. Nicolas Franck suggère que les commissions qui avaient lieu pour les épreuves anticipées de langue serviront de modèle et qu’ainsi l’harmonisation se bornera à un traitement statistique des différences entre les moyennes des établissements. Karine Cardinal affirme qu’il y a besoin d’une clarification sur la constitution des jurys, en particulier pour ceux des épreuves des « renonçants » de Première, et notamment dans les lycées où il n’y a qu’un ou deux professeurs de philosophie. Elle se demande, d’autre part, s’il y aura une harmonisation des notes de Première et si les redoublants pourront conserver leurs notes, non seulement celles des épreuves mais aussi celles du contrôle continu. Nicolas Franck avance que cela sera sans doute réglé par une circulaire. Il propose également, pour l’épreuve de philosophie, de faire la demande du maintien des commissions d’entente.

Il remarque, d’autre part, une certaine atonie de la Conférence des associations de spécialistes sur tous ces sujets. Il n’y a pas eu non plus jusqu’à présent d’autres jurys que celui de philosophie qui ait réagi à la réforme du CAPES. Selon Marie Perret, il y aura un communiqué de la Conférence sur la réforme du CAPES mais rien n’est prévu pour l’heure sur le report du Grand oral à 2022. Sur toutes ces questions, il faut saisir les syndicats, affirme Pierre Hayat.

2- La revue

Nicolas Franck part d’un constat : les nouveaux adhérents ne s’abonnent pas à la revue. La revue est devenue accessoire par rapport à l’association alors qu’elle devrait être un motif d’adhésion. Cela doit nous conduire, selon lui, à réfléchir à sa ligne éditoriale et l’on peut, pour cela, prendre appui sur le hors-série « Entrer dans le métier ». Autrement dit, il faut que la revue devienne davantage, comme son titre l’indique, une revue de philosophes praticiens. Il faut également revoir le mode d’abonnement à la revue : elle pourrait être reçue, dans un format électronique, par tous les adhérents et, dans une version imprimée, par ceux d’entre eux qui le voudraient et paieraient en conséquence un supplément. Cela, d’ailleurs, serait conforme aux statuts de l’association car tous les adhérents doivent recevoir gratuitement le bulletin de l’association or celui-ci est intégré à la revue. Enfin, il faut revoir l’organisation du secrétariat de rédaction afin qu’il devienne collégial. Valérie Bonnet, Benoît Da Silva, Bertrand Nouailles et Vincent Renault ont bien voulu réfléchir à ces questions.

Bertrand Nouailles présente le fruit de cette réflexion collective. D’abord, les rubriques de la revue pourraient être plus précises et plus pratiques. On peut également envisager des articles plus facilement mobilisables par les professeurs, sur le modèle de la formation continue : par exemple,  des synthèses de l’état de la recherche sur un thème ou un auteur. Une autre piste évoquée consisterait en des recensions plus complètes qu’actuellement, même si elles sont peu nombreuses. Enfin, certains numéros pourraient être thématiques et coordonnés par un des membres du secrétariat de rédaction.

Vincent Renault affirme que parler d’articles au contenu plus pratique ne signifie pas qu’ils se borneraient à transmettre les ficelles du métier ou à faire le compte rendu d’un cours car il y a toujours besoin d’articles de fond. Il avance également qu’une revue principalement électronique est en danger de perdre en attractivité et en estime. Jean-Louis Lanher abonde dans ce sens. Il faut distinguer, selon lui, commencement pédagogique du cours avec les élèves et commencement logique de l’appropriation des contenus par le professeur. Le second exige un travail de fond qui conditionne le premier.  Valérie Bonnet soutient qu’il faut, au moins en partie, une revue qui s’adapte aux usages de lecture, tant en ce qui concerne les supports que du temps qu’on y consacre. Il faut donc prévoir aussi des articles courts auxquels on peut accéder par un téléphone, par exemple. Pierre Hayat suggère que, en plus des recensions, la revue accueille des traductions. Gérard Schmitt précise que le format électronique pour la revue n’implique pas qu’elle soit différente de sa version imprimée. Les adhérents pourront avoir accès aux articles via le site Cairn quand la revue y sera intégrée.

Selon Nicolas Franck, il faudra voir si on maintient le bulletin de l’association au sein de la revue. De manière plus générale, il souligne qu’à propos de la revue, l’on en est qu’au début de la réflexion. Jean-Louis Lanher intervient pour dire qu’il est important que le bulletin continue à figurer dans la revue parce qu’il y a un risque que les traces numériques ne se dispersent et ne se perdent à l’avenir. Bertrand Nouailles avance l’idée d’un texte à destination des contributeurs qui présenterait la nouvelle ligne éditoriale de la revue. Gérard Schmitt souhaite revenir sur plusieurs points évoqués. Il affirme, d’abord, que le bulletin de l’association peut se trouver à la fois au sein de la revue et à part. Il fait remarquer, d’autre part, que s’il existe une demande concernant les pratiques de l’enseignement de la philosophie, il n’y a cependant presque pas d’articles qui sont proposés à ce sujet. Il est vrai, poursuit-il, que, jusqu’alors, on ne sollicitait pas d’articles, contrairement à ce qui s’est fait pour le hors-série « Entrer dans le métier » mais l’élaboration de ce dernier a pris beaucoup de temps et peut difficilement constituer un modèle de fonctionnement ordinaire pour la revue. Il fait part, ensuite, de son scepticisme à l’égard d’une organisation collégiale du secrétariat de rédaction car la réalisation de la revue réclame, à ses yeux, qu’un responsable soit clairement désigné. Enfin, il fait remarquer que l’idée de rubriques comme des recensions ou des synthèses sur des auteurs n’est pas nouvelle mais qu’elle s’est montrée difficile à réaliser.

3- Les textes d’accompagnement des programmes

Nicolas Franck fait le point sur les textes d’accompagnement des programmes et les autres ressources produits par l’Inspection générale de philosophie et disponibles sur Eduscol. Il fait remarquer que les autres disciplines n’ont pas autant de textes de cette nature et il préconise que nous en fassions l’analyse à destination des collègues. La question première à propos de ces textes lui paraît être de connaître leur statut. Le doyen de l’Inspection générale, dans sa réponse à notre courrier du 21 septembre, avance que les Recommandations sur le travail des élèves « n’emportent aucun caractère strict d’obligation » ce qui ne lève pas toute ambiguïté.

Marie Perret souligne qu’un des points critiques de ces recommandations est le nombre de devoirs surveillé préconisé : il ne tient pas compte des difficultés pour réunir toute une classe pendant quatre heures dans le « nouveau lycée ». Karine Cardinal ajoute que le nombre de devoirs recommandés, quelle que soit leur nature, est insoutenable. L’application qui va être faite de ces recommandations dans l’évaluation du travail des collègues va dépendre de chaque IPR. Elle fait remarquer, enfin, que ces textes n’ont pas été diffusés dans l’académie de Montpellier. Ils ne l’ont pas été non plus dans l’académie de Reims, affirme France Israël. Quant aux recommandations qui concernent l’étude de l’œuvre, elles apparaissent, affirme Pierre Hayat, comme un moyen de miner l’enseignement articulé sur les notions et elles tendent à contraindre la liberté pédagogique du professeur. Il rappelle, d’autre part, que les professeurs de philosophie qui ont répondu à notre enquête ont très majoritairement critiqué et rejeté ces éléments des recommandations de l’Inspection. Jean-Pierre Carlet replace ces textes dans une tradition de longue date de l’Inspection générale. France Israël le concède mais elle souligne que le contexte pour les professeurs n’est plus le même que dans les années 70.

4- La réforme des concours de recrutement et du Master MEEF

Benoît Da Silva, qui a travaillé sur le sujet pour le bureau, expose les grandes lignes de la réforme des concours et du Master MEEF.

  • Il commence par rappeler que cette réforme a été reportée d’un an principalement du fait d’une « fronde » dans les Inspé mais que cette opposition portait bien davantage sur le calendrier de la réforme que sur son esprit.
  • Le Master MEEF a été modifié par arrêté ministériel et il revient aux Inspé de concevoir les maquettes de formation. Le concours aura lieu à la fin du M2. Cette deuxième année aura lieu en alternance, les étudiants devant enseigner à tiers temps dans un établissement pour une rémunération d’environ 600€ et avec le statut de contractuel étudiant. Cela permet au passage la suppression d’environ 10 000 postes de fonctionnaires stagiaires. La même année, les étudiants devront préparer le concours et terminer leur mémoire de recherche.
  • Le nombre d’inscrits dans les Masters MEEF diminue ces dernières années. Le nombre de places dans ces Masters sera à l’avenir déterminé par le nombre de contrats d’alternance ouverts dans chaque académie et cela pour chaque discipline.
  • La réforme du CAPES prévoit d’accorder aux épreuves orales un coefficient supérieur à celui des épreuves écrites. Parmi ces épreuves orales, une épreuve de « motivation » n’est pas sans rappeler la deuxième épreuve d’admission du CRPE qui a pour objet la « connaissance du système éducatif », qui n’a aucun programme précis et qui relève, de l’avis des étudiants, de la « loterie ».
  • Les Inspé ont la charge d’élaborer une maquette du Master MEEF en partant du référentiel des compétences attendues du métier d’enseignant. Dans ce référentiel, seul un point sur sept se rapporte à un contenu disciplinaire, d’une manière contournée, qui plus est.
  • Cette réforme s’accompagne d’un changement du statut des professeurs en Inspé qui devront partager leur temps de travail entre l’Inspé et leur établissement.
  • Le Master MEEF devient nécessaire pour enseigner même si on est reçu au concours. C’est une manière de « professionnalisation » qui prépare la suppression des concours nationaux.

Valérie Bonnet relève qu’il n’y aura certainement pas de Master MEEF de philosophie partout et, en conséquence, pas assez de place pour tous les étudiants en L3 qui veulent être professeur. Elle souligne aussi la quasi incompatibilité entre la préparation du Capes et celle de l’agrégation. Jean-Pierre Carlet fait remarquer que les changements dans les services des professeurs en Inspé confirment la prise de pouvoir des universitaires, issus des sciences de l’éducation, dans ces instituts. France Israël se demande s’il sera encore possible pour les étudiants de s’engager dans un Master de recherche sans perdre tout espoir de devenir professeur. Valérie Bonnet abonde dans ce sens et fait remarquer que les étudiants qui s’engageront dans ces Masters devront en répondre lors de l’entretien de motivation du concours. Nicolas Franck informe le bureau qu’une mission a été confiée à Marc Sherringham pour rénover la formation des maîtres, ce qui constitue, selon lui, une occasion favorable pour faire valoir nos arguments afin que la philosophie y ait sa place.

5- Tarifs d’adhésion

Après discussion, le bureau décide de ne pas modifier les tarifs d’adhésion à l’association, mais confie à Audrey Pomarès le soin de réfléchir à leur révision. 

6- Questions diverses

  • Nicolas Franck évoque une modification des statuts que nous devons envisager afin de permettre le vote numérique. Il fait remarquer, cependant, qu’il n’existe pas à l’heure actuelle de solution technique satisfaisante en la matière.
  • Un hommage est rendu à Serge Sadois qui s’est chargé avec talent et dévouement de la photocomposition de la revue pendant quinze ans.
  • Vincent Renault et France Israël acceptent la tâche de rédiger un texte de présentation de l’Appep et d’appel à l’adhésion, qui sera envoyé aux collègues dans leur établissement.

La réunion prend fin à 18h.