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La Régionale d’Auvergne à la DEC : « Notre demande n’est pas extraordinaire : nous souhaitons avoir des salles pour nous réunir et faire correctement notre métier. »

Publié le

Alexis Vilain,

Président de la Régionale de l’APPEP

 

À la DEC

Clermont-Ferrand

Le 2 juin 2025

 

Madame Anne-Catherine Harnois, Monsieur Alexandre Parabère,

 

Les professeurs de philosophie de l’Académie de Clermont-Ferrand ont été désagréablement surpris de lire sur leur convocation que les réunions d’entente et d’harmonisation sont prévues en visioconférence.

 

Ces deux réunions, décisives dans notre travail de correction des copies, se sont toujours faites en présence des collègues. Cette manière de faire les a toujours satisfaits, car c’est dans la fluidité des échanges, les discussions animées et les interventions impromptues que se dégagent peu à peu les critères d’évaluation, la compréhension commune des sujets, la relecture partagée et immédiate des copies problématiques et les conditions d’une notation équitable. Or, la visioconférence, éventuellement acceptable quand il est question d’écouter un intervenant, n’a absolument aucune pertinence quand il s’agit de pouvoir discuter spontanément et clairement entre nous.

 

Immanquablement, si l’organisation en visioconférence est maintenue, il surviendra des problèmes techniques de connexion pour certains collègues. La lourdeur du dispositif technique rendra bien difficile, voire pratiquement impossible, notre travail d’entente et d’harmonisation. Enfin, la lassitude de rester au moins 3h devant son écran ne pourra que nuire à la qualité de ce travail. Les retours des collègues que nous avons reçus sont unanimes : aucun n’est favorable à la visioconférence et tous attendent le retour de séances en présence des uns et des autres.

 

À nos yeux, les raisons budgétaires avancées ne sont pas compatibles avec l’exigence d’un service public de qualité et la revalorisation du baccalauréat que les différents ministres de l’Éducation nationale n’ont cessé de défendre. C’est pourquoi nous demandons l’abandon de la visioconférence et le maintien de réunions où les collègues se retrouvent dans une même salle. En bref, nous demandons quelques salles pour se réunir et faire notre travail normalement et décemment.

 

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer l’expression de nos salutations respectueuses.

 

Alexis Vilain, Président de l’APPEP Auvergne

 

 

La DEC à Alexis Vilain,

Le 3 juin 2025

 

Monsieur,

 

Si j’entends votre déception face au changement d’organisation mis en place cette année, celui-ci ne se résume pas à une réponse à des contraintes budgétaires, mais est en cohérence avec la mise en place des corrections dématérialisées.

 

Comme l’ont d’ailleurs fait remonter à la DEC certains correcteurs,  il est logique d’aller au bout du processus de dématérialisation pour les phases de réunions d’entente et d’harmonisation, et ainsi d’éviter des déplacements inutiles aux enseignants. L’an dernier, une formule hybride a été mise en place (présentiel ou visio-conférence au choix). La moitié des correcteurs avait opté pour la visio-conférence.

 

En ce qui concerne les difficultés techniques que vous évoquez, ces réunions  en visio-conférence sont d’ores et déjà pratiquées sans difficulté particulière, pour  les autres disciplines des baccalauréats général et technologique, mais également de BTS, et ceci dans la plupart des autres académies, conformément aux recommandations ministérielles.

 

En lien avec votre IA-IPR, M. Bocquet, une organisation a été mise en place pour la  philosophie,  sur la base de plusieurs visio-conférences regroupant ainsi peu de correcteurs (20 maximum) sous l’égide d’un coordonnateur. Ces petits groupes  permettront des échanges fluides.

 

Par ailleurs, le service du baccalauréat reste bien entendu joignable pour vous assister si besoin.

Recevez, Monsieur, mes sincères salutations.

 

Catherine Harnois

 

 

La Régionale de Clermont-Ferrand à la DEC,

Le 5 juin 2025,

 

Madame Harnois,

 

Nous vous remercions de cette réponse rapide et franche. Mais elle témoigne de la totale ignorance dans laquelle se trouve la DEC concernant notre travail de correction en philosophie. Nous dire que les visio-conférences fonctionnent dans les autres disciplines et en BTS n’est pas du tout la question. Chaque discipline a ses propres spécificités et ses propres modalités de correction. Par ailleurs, il faudrait mener une enquête précise auprès de TOUS les collègues de ces disciplines pour avoir une idée exacte de ce qu’ils pensent de cette manière de faire.

 

Vous ne semblez pas comprendre que ce que vous proposez est plus qu’une simple modification technique d’organisation, mais une véritable altération de nos pratiques de correction qui va tout simplement nous empêcher de bien faire notre travail. Que la moitié des collègues de philosophie aient été en visio-conférence l’année dernière ne signifie pas qu’ils aient toutes et tous été satisfaits. Nous allons du reste mener une enquête sérieuse pour savoir ce qu’il en est. Qu’il suffise à la DEC d’avoir le témoignage de « certains correcteurs » pour imposer à l’ensemble de la profession ces nouvelles conditions de travail nous semble un véritable passage en force. Avez-vous mené une consultation sérieuse auprès des premiers concernés, les professeurs de philosophie ? Aux témoignages de ces correcteurs anonymes s’oppose pourtant ce que l’inspecteur régional de philosophie vous a dit concernant l’importance que ces réunions se tiennent tout simplement dans une salle. Pourquoi ne pas l’écouter ?

 

Enfin, nous sommes ébahis par votre argument principal : les réunions d’entente et d’harmonisation doivent être désormais en cohérence avec le processus de dématérialisation des copies. Quand la Régionale de l’APPEP vous avez rencontré au moment de la dématérialisation des copies, vous nous aviez assurés qu’il ne s’agissait que d’une évolution technique qui rendait votre travail plus facile, sans qu’il y ait une captation de données personnelles ni une modification de nos modalités de correction. Force est de constater que ce n’est pas le cas. Mais allons plus loin, car vous vous arrêtez en chemin dans votre argumentation. En effet, si la dématérialisation des copies doit entraîner une dématérialisation des réunions d’entente et d’harmonisation, l’étape supplémentaire et nécessaire, si l’on suit la logique de votre raisonnement, n’est-elle pas une dématérialisation des correcteurs eux-mêmes ?

 

Notre demande n’est pas extraordinaire : nous souhaitons avoir des salles pour nous réunir et faire correctement notre métier. Et nous souhaitons à l’avenir être consultés, quand il est question de modifier nos conditions de correction. Car nous sommes les premiers concernés, puisque c’est nous qui faisons le travail. À ce que nous sachions, nous ne disons pas à la DEC comment travailler et comment surtout elle doit s’organiser pour bien travailler. Pourtant, c’est exactement ce que vous faites à notre égard.

 

Recevez, Madame, nos sincères salutations.

 

Alexis Vilain et Bertrand Nouailles.