II.1- La laïcité dès la Commune de Paris

Le mot laïcité est plus récent que son idée. Une des premières occurrences du mot, signalée par le Dictionnaire Littré, date du 11 novembre 1871 et concerne l’enseignement. Quelques mois auparavant, la Commune de Paris avait porté un projet politique de laïcité puisqu’il s’agissait à la fois de séparer l’Église et l’État, et de sauvegarder la liberté de conscience considérée comme la « première des libertés ». La Commune a, en cela, confirmé le décret de la Convention du 21 février 1795 qui prévoyait déjà que l’exercice d’aucun culte ne peut être troublé et que République ne salarie aucun culte. Mais, pas plus qu’en 1795, le projet de la Commune, écrasée lors de la « semaine sanglante » du 21-28 mai 1871, n’a pu se réaliser. Cependant, quelques semaines après l’épisode de la Commune, Benjamin Buisson, ancien élève de l’École normale supérieure et frère cadet de Ferdinand Buisson qui deviendra le grand organisateur de l’école laïque de la IIIe République, estime que les femmes et les hommes de la Commune « avaient pris à la lettre ces mots d’égalité et de fraternité. (…) Ils voyaient la fraternité dans la rue ; on s’abordait, on se parlait familièrement, on se tutoyait presque. (…) Un homme en valait un autre. On ne faisait pas de courbettes à celui-ci parce qu’il avait des gants, tandis qu’on rudoyait celui-là qui avait une blouse. (…) L’art courait dans les rues, l’instruction vous assaillait à chaque pas : il fallait apprendre bon gré, mal gré, savoir vivre, juger par soi-même, avoir son opinion, être un homme. C’était le règne de la démocratie enfin, quelque chose de mieux qu’Athènes, que New-York, que Genève, c’était Paris en république » (Benjamin Buisson, Guerre civile et guerre sociale, 1871). 

 

La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la Liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté, Décrète :

Article Ier : L’Église est séparée de l’État.

Article II : Le budget des cultes est supprimé.

Article III : Les biens dits de mainmorte, appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales.

Article IV : Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation.

 

Décret du 2 avril 1871

 

II.2 – De la sécularisation à la laïcité

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